1. |
Le Cerf-volant
05:06
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Assis sur les toits, suspendu au-dessus du vide,
Au-dessus des lois
Au-dessus de la ville
Que le soleil lacère d'éclats de métal
J'aperçois l'horizon à travers les vapeurs de méthane
Seul un sillage d'avion balafre le ciel
Et me rappelle l'existence de la race humaine
Moi je rêve d'être un Icare en "Classe Affaire"
Un numéro de Visa qui s'en tamponne
Naufragé volontaire, je préfère me taire sous cette grande gueule d'atmosphère
Vers laquelle se tournent les paraboles et les prières
À croire que le ciel unit
Ce que la terre sépare
La terre m'entoure le ciel m'attire
Je rêve de me perdre aux vents
La vie seule me relie au sol
Comme la ficelle d'un cerf-volant
Assis sur les toits du gravier sous les doigts
Seule la gravité me pèse de tout mon poids
Sous ce ciel qu’on implore ou qu’on explore
D’un livre ou d’un aéroport
Au fond on rêve tous d'une chute à l'envers
De se laisser emporter dans un courant d'air au-dessus des orages
Dès le décollage en décalage avec le plancher des lâches
Traverser les fuseaux dans un fuselage
Jusqu'au tarmac et les formulaires d’usage
Entre ceux qui survolent les douanes volantes et ceux qu’on dévisage
Et toutes ces valises qu’on traîne dans nos bagages
À croire que le ciel unit
Ce que les mers séparent
La terre m'entoure le ciel m'attire
Je rêve de me perdre aux vents
La vie seule me relie au sol
Comme la ficelle d'un cerf-volant
Je ne pense, je ne pense, je ne pense rien
Je ne pense, je ne pense à rien
Plus la vie avance, plus rien n'a de sens
À part le vent je suis déjà loin
Je ne pense, je ne pense, je ne pense à rien
Je ne pense, je ne pense à rien
Archanges et Airbus partagent le même espace aérien
Assis sur les toits l'esprit libéré
Les bras en croix comme on le ferait pour marcher le long d'une voie ferrée
Ciel prophète, ciel profane,
Qui permet de changer de continent
Le temps d'un plateau-repas sous cellophane
Juste une pellicule d'ozone qui nous sépare de notre créateur
Le paradis à portée de réacteur
L'absolu pour les nuls
Aseptisé, pressurisé, privatisé jusqu'aux constellations
Qu'on prie d'aviser nos belles actions
Qu'on brave par une rafale de kalash´ sous un soleil de plomb
À croire que le ciel unit
Ce que les hommes séparent
La terre m'entoure le ciel m'attire
Je rêve de me perdre aux vents
La vie seule me relie au sol
Comme la ficelle d'un cerf-volant
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2. |
Ma Vénéneuse
04:18
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L’amour est un papillon aux ailes de rasoirs
On a beau le savoir
On est tous avides qu’il nous tranche à vif
Pour elle j’ai balafré ma vie
Pas beau à voir
Vu la profondeur de mes cicatrices
Ce soir, mon impératrice est en retard
Et je l’attends sur le trottoir d’un boulevard sombre et triste
De nos trajets identiques aux tragédies antiques
On s’aime, on se quitte, on se sépare,
On se laisse croire qu’il reste encore de l’espoir
Comme deux enfants qui font semblant de vivre une histoire
Où Blanche-Neige se perd de temps en temps dans son miroir
Je t’en prie, le temps presse
Le vent me transperce
J’attends ma vendeuse de tendresse
Trois billets de 20 pliés dans la main
Seul dans la nuit urbaine comme une âme en peine
Les veines violettes sous mon épiderme
Tracent les cartes de rivières souterraines
Elle me manque tant, elle me manque tant
Quel manque de veine, vivement qu’elle vienne
Elle me manque tant, elle me manque tant
Pitié ! Faites qu’elle m’entende
Mes prières sont vaines
Ce soir, c’est sûr elle ne viendra pas
Et si je tremble ce n’est pas la morsure du froid
Elle est ma vénéneuse
Mon amour par intraveineuse
Et comme chaque soir elle attendra
Que je lui ouvre mes bras
Elle est ma vénéneuse
Mon amour par intraveineuse
Et comme chaque soir elle attendra
Que je lui ouvre mes bras
Au cœur de l’hiver sans coeur les rues sont un désert
Où les lampadaires offrent les dernières oasis de lumière
Sous les néons blafards
Je sais qu’il est trop tard,
Quand se reflète sur les rideaux de fer l’éclat des girophares
Faut que je détale,
Mais mon corps s’étale comme sur un tapis de pétales de roses
Je sens rien, je me sens bien, tout m’est égal
Au loin les phares de bagnole
Ressemblent à une armée de lucioles
Je reste lucide et ce qui me fait rire
C’est qu’on m’avait prédit
Que le bonheur se respire à la pointe d’une carte de crédit
À jamais je l’ai perdue,
Mon amoureuse belle à faire pleurer les statues
Elle seule me dévoilait d’autres soleils
qui aveuglent ma raison et éblouissent mon sommeil
À mon oreille… Elle murmurait ses étranges chansons
Sur des paradis inconnus au fond d’impasses sans nom
Pour toi je m’ouvre, pour toi je m’ouvre
Pour toi je t’ouvre mes bras
Pour toi je m’ouvre, pour toi je m’ouvre
Pour toi je t’ouvre mes bras
Dites-moi pourquoi
Mon poison d’amour, le froid de décembre me l’a pris
Et tombe la neige telle les cendres de la nuit
Elle est ma vénéneuse
Mon amour par intraveineuse
Et comme chaque soir elle attendra
Que je lui ouvre mes bras
Elle est ma vénéneuse
Mon amour par intraveineuse
Et comme chaque soir elle attendra
Que je lui ouvre mes bras
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3. |
Les Rivières Noires
04:20
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Je te quitte
La seule phrase qu'on ne s'est pas dite
Mais qu'on a entendu tous les deux.
Tout est blanc derrière la vitre
Des rivières noires sèchent sous tes yeux
C'est silencieux la neige
La ville est belle et triste comme ces vieux manèges
Qui ne tournent que dans nos têtes
Et sur les cassettes
Qu'on ne regarde jamais de peur qu'ils ne s'arrêtent
A qui la faute?
Si les sourires sur les photos ne sont plus les nôtres?
Vainement j'imagine ton corps à travers tes vêtements
Hier encore je ne pouvais me passer de lui
Mais qu'est-ce qui s'est passé depuis?
Aussi belle maintenant
Que la fille de vingt ans passionnelle et pas sûr d'elle,
Quand elle torturait sa mèche de cheveux
Mais t'es celle qui me faut plus celle que je veux
On s'attire trou noir
On sature troublant
On s'est tués à se taire sans voir
Qui nous deux fait le mieux semblant
Je ne t'aime plus
C'était là on ne l'a pas vu
On n'aurait dû s'en douter pourtant
Toi tu ressembles à une statue
Immobile jusqu'à la fin des temps
Un ange passe, un autre le remplace
À toi la grande classe comme dans ces vieux films en noir et blanc
J'essaie d'éviter ton regard à travers la baie vitrée
De lire sur tes lèvres closes, dis-moi quelque chose
Soulage ta peine, apaise ta rage
Arrête de faire barrage
Après tu verras ça ira mieux
Mais là tes larmes me sortent par les yeux
On se voyait déjà vieux avant que tout ne déraille
Mais certains deuils ont lieu avant les funérailles
Les mots nous encombrent
Et sans s'en rendre compte
On a perdu la guerre, c'est con
On avait gagné toutes les batailles
On s'attire trou noir
On sature troublant
On s'est tués à se taire sans voir
Qui nous deux fait le mieux semblant
Je te quitte
La seule phrase que j'ai dite qu'on aurait pu penser tous les deux
Il fait nuit noire derrière la vitre
Tes larmes d'encre te cernent le blanc de tes yeux
Il y a tant de temps
Qu'on se tend dès que nos corps se frôlent
Tant de temps
Qu'on prend les torts à tour de rôle
En se racontant qu'on s'aime autant
On aurait dû perdre patience, briser la faïence, se jeter nos alliances
Mais on a trop de décence pour les moqueries sorties de l'adolescence
Je te demande pardon
Je te demande pardon
Je te demande pas de me comprendre
Nous c'est fini tout s'arrête ici
Dans la douceur d'un après-midi d'hiver
Je ferais tout pour que tu me pardonnes, pas que tu m'oublies
Et que tu me souris une dernière fois
Mes clés sont sur l'étagère
Je te laisse fermer derrière moi
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4. |
Ce Soir On Sort
04:41
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Alors viens
Ce soir, on sort
N’emporte rien
On dort dehors
Qu’importe bien
Si on se comporte
Comme des morts de faim
Le monde sera là encore demain
On fera la cour aux immeubles
On donnera du sens aux interdits
On rendra la vue aux murs aveugles
On offrira nos services à la nuit
La folie réclame son droit d’asile
De mettre à l’envers
Tous les endroits de la ville
File vite par la vitre des taxis
À l’aventure des arrière-salles
Éclats de rire, bris de verre
Envie de poésie, besoin d’un dernier verre
On flambe pour noyer le chagrin
On se cache derrière nos découverts
Viens
Abandonne-moi ta main
Sans un regard en arrière
Pour une descente comme seul Orphée ose aux enfers
Alors viens
Ce soir, on sort
N’emporte rien
On dort dehors
Qu’importe bien
Si on se comporte
Comme des morts de faim
Le monde sera là encore demain
La nuit est une cour des miracles à court de mirages
Un mensonge qui s’entoure de miroirs
Ce soir, on se plonge dans le noir
Renie ta peur, refuse ton ombre
Sous la moiteur des stroboscopes
Tu danses en 12 images/seconde
Toi qui ne vivais qu’à moitié,
Qu’est-ce que ça change ?
Te voilà ange dément parmi d’étranges démons
En quête d’absolu
En quête d’absolution
Qu’en dira-t’on ?
Quand vivra-t’on ?
Viens
Rejoins la faune sur le dance-floor
Et plus longtemps on sera vivants
Moins longtemps on sera morts
Alors viens
Ce soir, on sort
N’emporte rien
On dort dehors
Qu’importe bien
Si on se comporte
Comme des morts de faim
Le monde sera là encore encore
Encore
Encore et tout de suite
Je veux que nos corps se corps-circuitent
Électrique, magnétique
Comment veux-tu que je reste statique ?
Le courant passe, ne le nie pas
Tu veux que je fasse le premier pas
Alors cesse tes manières de princesse
Délaisse tes escarpins, pieds nus comme une bohémienne
Jusqu’au matin
Ta peau est mienne
Viens
Retiens cette nuit comme un secret d’alcôve et d’alcool entre nous
Et je préfère les rencontres aux rendez-vous
Alors viens
Ce soir, on sort
N’emporte rien
On dort dehors
Qu’importe bien
Si on se comporte
Comme des morts de faim
Le monde sera là encore demain
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5. |
Le Jour Se Lève
05:34
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Les réverbères s’éteignent
Le jour se lève
L’aube est grise comme les ailes des anges
Tu songes que tout n’est qu’un rêve, tout n’est qu’un jeu
Dont nul ne sait les règles et les enjeux…
Qu’on tienne les rênes, qu’on les laisse à Dieu
Autant qu’on prenne ce qu’on peut
Avant que tout disparaisse quand on ferme les yeux
Tu dégrises dans la grisaille de six heures
La brise te cisaille jusqu’aux entrailles
Mais tu te sens pas de rentrer
La batterie se fane dans ton walkman
Tu marches dans l’aube calme, la ville se réveille à peine
Mais t’es dans un autre plane
T’as dans l’esprit un spleen que rien n’explique
T’es perdu dans les rues comme dans tes pensées et plus rien n’existe
La magie s’effrite comme du shit
Tu croises les poivrots qui poirotent pour le premier métro,
Les blafards qui partent au boulot comme à l’abattoir
Les fêtards professionnels, les stars d’un soir,
Deux trois demoiselles le visage plein de rimmel,
C’est fou ce qu’on peut se dire un matin d’hiver
Vivre, c’est construire en état d’ivresse
Un jour t’as tout raté plein de détresse
Le lendemain t’as atteint l’Everest
Pour ça que dans toute joie, y a un fond de tristesse
Les projets deviennent des rêves qui deviennent des regrets
Mais rien n’est grave
Malgré les doutes, reste brave et rien à foutre du reste
Parfois tu manques de courage
Tu trouves mille excuses pour rester à l’écart,
Mille raisons sans qu’aucune ne soulage
Même si tu demande qu’à les croire
Qu’on se noie dans les histoires d’un soir,
Qu’on arrive à fuir nos vies jusqu’à la fermeture des bars
Y a pas de réponse valable et on s’efforce de ressembler à des adultes responsables
Tu ne peux pas être stable tout le temps
Tu t’en sens capable pourtant
Mais tu t’enlises dans des sables mouvants
Où rester immobile est le plus sage mouvement
Dans ces moments où tout se fige
Tu repenses souvent aux souvenirs de tes douze piges
L’avenir avait un sens à l’adolescence
Avant que la vie ne cesse de tuer ton innocence
En Super8… Tu te rappelles les silhouettes à contre-jour
On s’y perd vite… Les premiers slows joue contre joue
On s’éparpille… Le temps joue contre nous
On se sépare triste… On s’épargne pas les contrecoup
Tu marches au hasard mais tu t’en contrefous
Tu veux mon avis ?
La vie devrait être parsemée de panneaux « VOUS ETES ICI »
Les réverbères s’éteignent
Le jour se lève
L’aube est grise comme les ailes des anges
Tu songes que tout n’est qu’un rêve, tout n’est qu’un jeu
Dont nul ne sait les règles et les enjeux…
Qu’on tienne les rênes, qu’on les laisse à Dieu
Autant qu’on prenne ce qu’on peut
Avant que tout disparaisse quand on ferme les yeux
La nuit rend les armes
La grisaille se lézarde
La brise fait swinguer les arbres
À une terrasse sur une place, t’as pas sommeil,
Envie de soleil, tu restes éveillé grâce au caf’
En face, les cantonniers effacent les traces de strass et de crasse,
Pour rassurer les gens class qui tracent au taf
En regardant le fond de ta tasse,
Tu te dis que la paperasse attendra demain
Le vent t’embrasse tendrement
T’as juste envie d'apprécier le printemps,
Une saveur dans les particules de l’air
Alors prends cette journée comme une faveur particulière
Y a quelque chose d’impalpable et tu sens la vie qui palpite en toi sans trop savoir pourquoi
Tu vis un de ces moments de perfection trop grands pour soi
Au milieu des premiers passants,
T’es le seul a lever les yeux au-dessus des bâtiments
Tout est dans le timing parfait
Le soleil se lève à peine mais pour toi c’est le firmament
Comme si deux mille ans d’histoire aboutissaient à ce fier moment
Un de ces instants ou tout concorde, tout converge
À l’aise dans tes Converse
En accord avec la rythmique du monde en concert,
Y a rien de plus qu’à l’ordinaire mais tout te semble beau comme une évidence
Dans un sens,
C’est juste la vie en plus intense
Les bourgeons apparaissent
Tu sens la caresse du printemps
La paresse te prend mais c’est trop tard pour dormir
Un beau jour pour vivre, un beau jour pour mourir
Un beau jour pour s’ouvrir
C’est maintenant demain
Et tu balayes tes souvenirs d’un revers de main
T’es là où tu devais être, au moment où tu devais l’être
C’est sûrement pour ce genre de sensation qu’on a dû naître
Faut admettre
qu’on a tous autant peur du bonheur que du malheur
T’as tout pour être heureux mais tu te sens pas complet
Comme si tu savais plus vraiment ce qui comptait
S’il te faut un être qui t’accompagne pour que tu t’accomplisses
S’il te faut une main dans la tienne pour que t’y parviennes mais sans qu’aucune ne convienne,
S’il te faut les fautes des autres pour que tu te pardonnes à toi-même,
Ouvre ma main
Voici une gomme pour tes erreurs d’hier,
Un stylo pour celles de demain
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